Actu

U.S. DAX Rugby Landes – Arnaud Pic – Demi de mêlée

Arrivé à Dax il y a maintenant 4 ans, Arnaud PIC s’est vu attribuer cette saison le capitanat d’un groupe parti à la conquête du maintien. Plus connu pour ses qualités d’attaquant que pour ses prises de paroles, il endosse cependant ce rôle avec philosophie, en restant fidèle à sa manière d’être et de jouer. Nous vous proposons de découvrir ce personnage atypique, qui apporte une touche unique et très personnelle, en venant gentiment bousculer les habituels traits de caractère historiquement attribués aux capitaines des équipes de rugby.

Tous ceux qui croiseront sa route sauront rapidement à quoi s’attendre, car le tempérament entier du demi de mêlée dacquois ne laisse pas beaucoup de place à l’incertitude. Si tu joues contre lui, il faudra se méfier, si tu discutes avec lui il te faudra bien l’écouter, et si tu joues avec lui il faudra le suivre de très près, car ce garçon pragmatique bousculera toujours tout, et tous ceux qui l’empêcheront d’avancer. Beaucoup le connaissent en sa qualité de « franchisseur », mais peu de personnes sont capables de deviner les raisons pour lesquelles ce joueur, au tempérament discret, est aujourd’hui l’un des leaders incontournable de l’équipe. Pour le comprendre, il faut tout d’abord revenir sur sa carrière et bien se rendre compte qu’il n’a pas un profil à être tombé de l’arbre. La tête bien sur les épaules, il n’a jamais été du genre à rêver toute son enfance d’une carrière professionnelle, son truc à lui c’était plutôt de vivre les choses simplement en saisissant les opportunités. Et c’est ce que le jeune espoir Auvergnat a fait en 2005, en profitant de quelques absences à son poste pour fouler la pelouse du stade Marcel Michelin (Clermont) et ainsi montrer de quoi il était capable. Sa carrière de joueur professionnel était lancée. Trois saisons chez les « jaunards » avant de passer par Brive, Oyonnax, pour finalement atterrir dans les Landes à Mont de Marsan puis Dax. A travers la richesse de son parcours, on cerne déjà mieux le profil d’un demi de mêlée expérimenté, arrivé dans la cité thermale avec quelques belles compétences sur le porte bagage.

« Titu Capi »
Arnaud a déjà été très sollicité en ce début de saison, en enchaînant les matchs avec ce rôle de capitaine. Un vrai cas d’école de « Titu Capi », comme dirait la nouvelle génération de la balle ovale quand il vantent les mérites d’un joueur qui enchaine autant de titularisations que de capitanats. Arnaud l’explique surtout par « les blessures et les suspensions de certains de ses coéquipiers qui lui ont fait enquiller pas mal de matchs ». Mais il ne s’en plaint pas, car fidèle à sa droiture et son professionnalisme, il affirme « toujours s’efforcer de jouer à 100%, même si selon le niveau de fraîcheur ou le contexte d’un match, ce n’est pas toujours facile », car il explique très bien que « même en donnant 100% de son potentiel du moment, cela ne se traduira pas automatiquement par un niveau de prestation optimal ». Pour le capitanat, il a « pris ce rôle comme il est venu », sans plus de fierté ou d’enthousiasme que ça, mais avec cet intarissable sens du devoir qui le caractérise et le renforce dans sa capacité à monter l’exemple. En fait, « ils sont 4 joueurs à avoir été désignés leaders de groupe, et selon les matchs et les compositions d’équipes, le capitanat est amené à changer ». Il est alors amusant de s’interroger sur le pourquoi du comment, car en rencontrant un capitaine, qui plus est demi de mêlée, on aurait tendance à imaginer ce profil très français de garçon coquin, habile tchatcheur, le verbe facile et capable de mener ses troupes dans n’importe quel guet-apens. C’est avec un sourire d’étonnement que nous avons retrouvé chez Arnaud PIC quasiment le contraire. C’est un garçon calme, qui parle doucement, pesant chacun de ses mots, et qui est de ce fait capable de faire passer en quelques secondes un message clair et cohérent. Chacune de ses phrases est réfléchie, chacun de ses propos est illustré…c’est surprenant ; au point qu’une interview se transforme en un moment d’échange très riche, durant lequel il analyse son jeu, son poste mais aussi les spécificités de la PRO D2 avec beaucoup de justesse et de pertinence. Il explique par exemple « qu’il est très simple pour lui de ne pas se morfondre après une grosse défaite à domicile, car en gagnant le week-end suivant, cela fera 4 points au classement obtenus par l’équipe en deux matchs, là où une autre équipe qui aura enchainé deux courtes défaites reviendra quant à elle à la maison avec 0 points terrain ». Simple… et tellement évident. Une fois de plus, ce garçon là avance en regardant toujours loin devant. Quand on lui parle de la série actuelle de défaites de l’USDAX, là aussi il relativise en expliquant « que la PRO D2 n’est pas une division où l’on accepte facilement de perdre à l’extérieur, car maintenant beaucoup d’équipes du ventre mou performent par cycles en gagnant souvent 3 ou 4 matchs consécutifs, à l’image de Béziers pourtant auteur d’un mauvais début de saison ». Simple… et tellement réaliste. Fort de cet argument, il continue à regarder devant car « ça ne sert à rien de revenir sur le mal qui est fait, il faut continuer à travailler et à s’investir à 100% pour déclencher à notre tour un cycle de victoires, il n’y a que comme ça que ça arrive ». Simple…et tellement motivant.

Avec des gens comme Arnaud PIC, tout semble de suite moins compliqué. Bloqué en mode marche avant, on a l’impression que ce genre de joueur a compris mieux que quiconque les choses les plus essentielles qui donnent du sens aux aspects « motivationnels » d’une saison. Et à l’image du demi de mêlée dacquois, il entraîne tout le monde dans son sillage, en dehors comme sur le terrain, pour initier ce grand principe fondamental et incontournable de la planète ovale, qui consiste à systématiquement vouloir avancer. Simple…mais tellement digne d’un capitaine.

Crédit photo : DR /
Journal Sportsland Landes n°218 du 11 décembre 2017