Boissons énergisantes : Peuvent-elles être consommées par les sportifs ?

Un chiffre : 1,2 milliard de canettes de boissons énergisantes vendues chaque année en France. Pas besoin de deviner, la mode n’a rien d’une rumeur. Pourtant, derrière cette déferlante sucrée et caféinée, une question s’impose : ces boissons ont-elles vraiment leur place dans la panoplie des sportifs ?

Boissons énergisantes et sportifs : une association qui interroge

En France comme ailleurs, la consommation de boissons énergisantes s’impose de plus en plus chez les sportifs. Les canettes dessinées s’invitent dans les vestiaires, circulent avant la compétition et s’enfilent à la sortie d’un entraînement poussé. Sur le terrain comme dans les gradins, leur omniprésence fait presque oublier que leur intérêt n’a rien d’une évidence.

Le marketing vise large : pas de détour pour séduire ceux qui aiment repousser leurs limites. Mais, face aux slogans musclés, les professionnels de santé redressent la barre. Pas de secret : une boisson énergisante ne compense jamais l’entraînement, ni une alimentation adaptée. Les spécialistes de santé rappellent que boire une canette avant ou pendant l’effort n’a pas apporté la moindre preuve d’efficacité pour tenir sur la durée ou sur les efforts les plus intenses. Cafésine et sucre aidant, la vigilance s’accompagne vite d’effets indésirables.

Quelques éléments récents posent le cadre :

  • En 2022, l’Anses a constaté une progression de 8 % chez les sportifs réguliers de moins de 30 ans qui consomment ces boissons.
  • L’OMS signale la nécessité de surveiller toute consommation excessive.
  • Des fédérations sportives, en France comme ailleurs, commencent à suivre le phénomène de près.

Mais la différence entre boisson énergétique et boisson pour sportif reste pour beaucoup floue. Certains y voient une aide occasionnelle, d’autres préfèrent rester prudents, surtout avec les publics les plus jeunes ou sensibles.

Que contiennent vraiment les boissons énergisantes ?

Leur promesse : repousser la fatigue. Mais leur réalité est toute autre. L’atout phare, c’est la caféine, souvent à forte dose : 32 mg pour 100 ml, ce qui revient à un expresso par canette de 250 ml. Pourtant, la caféine ne fait pas tout.

On y trouve aussi des glucides, généralement de 10 à 12 g par 100 ml. Pour comparaison, une boisson pour sportifs va préférer miser sur l’hydratation et l’apport en minéraux, sodium ou potassium, autant d’éléments vitaux pour soutenir l’organisme qui transpire. À l’inverse, les boissons énergisantes sont pauvres en électrolytes.

S’ajoutent à cela la taurine, le guarana, parfois un peu de ginseng et des vitamines du groupe B. Pourtant, l’utilité réelle de ces ingrédients n’a jamais été démontrée par les nutritionnistes sportifs. Leur principal effet ? Faire mousser la communication.

Les principaux ingrédients retrouvés dans ces produits sont donc :

  • Caféine : un stimulant dosé de façon très variable d’une marque à une autre.
  • Glucides : apport d’énergie rapide, mais des quantités souvent élevées.
  • Taurine, guarana, ginseng : ingrédients polémiques sans validation scientifique claire.
  • Électrolytes : présents en quantité trop faible pour couvrir les besoins sportifs.

Sur le terrain, cela se traduit par deux approches radicalement différentes : les boissons énergisantes cherchent à stimuler, là où les boissons de l’effort accompagnent la récupération et la réhydratation. Les sportifs avertis commencent à faire la différence.

Quels effets sur la performance et la santé des sportifs ?

De nombreuses idées circulent dans les clubs : une boisson énergisante permettrait de booster la performance. En réalité, la caféine agit parfois sur la vigilance et la sensation de fatigue, mais ses effets bénéfiques restent modestes, surtout sur des efforts courts. Sur la durée ou pour la récupération, les études sont loin d’être probantes.

Le revers de la médaille n’est jamais loin. Les effets secondaires existent : palpitations, troubles du sommeil, rythme cardiaque accéléré, troubles digestifs. Pour le sportif, additionner caféine et sucre augmente le risque de déshydratation, notamment lors d’efforts longs ou par forte chaleur. Mélanger avec de l’alcool augmente nettement la prise de risques, la fatigue étant masquée et la prudence repoussée.

Les messages sont limpides. De nombreux pays fixent un seuil de 3 mg de caféine par kilo de poids corporel et par jour. Les enfants, les adolescents et toute personne plus fragile peuvent mal supporter ces boissons. En surconsommation, le tableau se complique : troubles cardiaques, accidents de déshydratation, séjours aux urgences possibles, même pour les plus sportifs.

Femme cycliste buvant une boisson en forêt

Conseils pratiques pour choisir une boisson adaptée à son activité sportive

Lire l’étiquette, jauger la composition

Avant d’emporter une canette dans votre équipement, privilégiez l’examen de sa liste d’ingrédients. Pour les séances longues, les boissons isotoniques sont recommandées : elles allient glucides et électrolytes en quantités pensées pour maintenir l’hydratation et l’énergie. À l’opposé, les energy drinks classiques sont trop riches en caféine et en sucres simples, peu adaptés à la nutrition sportive.

Voici quelques repères pour mieux s’y retrouver selon l’activité :

  • Pour des efforts courts et intenses, la meilleure option reste l’eau, éventuellement accompagnée de fruits secs.
  • Dès une séance de plus d’une heure, il est conseillé d’opter pour une boisson pour sportif isotonique, avec environ 60 g de glucides par litre.
  • Renoncez aux boissons énergisantes caféinées avant et pendant l’effort physique.

Écoutez votre corps, adaptez la quantité

Chacun a sa propre tolérance à la caféine. En France comme au Canada, dépasser 3 mg de caféine par kilo de poids corporel par jour n’est pas recommandé. Dès l’adolescence, il s’avère préférable de rester fidèle à l’eau, de choisir des boissons énergétiques adaptées, et d’éviter les produits cumulant de multiples stimulants.

Si un doute persiste concernant la consommation de boissons énergétiques, demander conseil à un professionnel de la nutrition sportive reste le meilleur réflexe. Une collation classique, céréales, fruits, eau à volonté, se révèle bien plus judicieuse avant l’entraînement. Plutôt que de chercher l’excitation à tout prix, privilégier l’équilibre et la prévention sur le long terme s’avère bien plus fructueux.

À l’heure où les packaging tapageurs font miroiter la performance instantanée, résister aux promesses toutes faites devient le vrai challenge. Faire confiance à son corps, miser sur l’écoute et la raison : voilà la clé pour avancer sans brûler les étapes.

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